Evoquer la Frugalité dans notre Monde de consommation peut paraître incongru. Frugalité est un mot qui fait peur car notre imaginaire est à ce point formaté qu'il l'associe spontanément
au mot privation. Or la frugalité est avant tout un art de la retenue qui analyse nos besoins et adapte notre consommation en trouvant la meilleur offre pour y correspondre et éviter tout
gaspillage.
L’objectif de la frugalité est double :
utiliser les ressources de la Planète à un rythme raisonnable et, par voie de conséquence, avoir le souci de partager les biens terrestres avec les populations les plus défavorisées qui souffrent
de la surconsommation des pays « riches ».
La frugalité concerne bien des domaines de la vie quotidienne mais s’adresse en premier lieu à nos besoins alimentaires.
A l’époque de la conquête spatiale et des communications instantanées à travers le globe par Internet, ce fléau moyenâgeux qu’est la famine frappe encore de nombreuses régions. 850 millions de
personnes (soit 1 terrien sur 6) souffrent de faim ou de malnutrition et 1 enfant en meurt chaque 5 secondes.
C'est d'autant plus scandaleux que 1,2 millions de tonnes de nourriture sont jetées par an. Une étude française montre que nos compatriotes jettent chaque année 20 kilos d’aliments dans la
poubelle dont 7 kilos concerne des aliments encore emballés .
Ne parlons pas des effets collatéraux que génère un tel gaspillage. Ainsi en France si nous multiplions par 66 millions d’habitants les 20 kilos jetés par habitant et par an, nous arrivons au
chiffre astronomique de 1 320 000 tonnes de déchets qu’il faut traiter avec tout le coût énergétique et polluant que cela entraine.
Environ un tiers de la population mondiale meurt de faim, alors que les pays développés disposent de larges excédents de céréales, de produits laitiers. Nul ne peut décemment rester insensible à
ces situations.
La frugalité a également un impact direct sur notre hygiène de vie. Une nourriture équilibrée est garante de bonne santé et nous met à l’abri des maladies cardio-vasculaires, de diabète
etc….
Ces quelques considérations nous amènent à élargir notre réflexion : si la frugalité au sens philosophique n’est pas une vertu, elle est par contre une valeur qui rapproche
l’homme de ce qui compte véritablement dans la vie.
Aujourd’hui on crée continuellement de nouveaux désirs et on cherche par tous les moyens à les assouvir.
La frugalité ne doit pas être vécue comme une privation ou une ascèse (rien n’empêche d’apprécier de temps à autre les bienfaits de la gastronomie), mais comme une manière d’atteindre une vie
plus riche avec des espaces pour la réflexion et la contemplation de la nature. C’est d’ailleurs ce que vivent les moines.
En guise de conclusion, nous pouvons dire que la focalisation sur les biens matériels pose un problème éthique et moral concernant la finalité de l’homme dans son existence. Il faut changer notre
façon de penser, modifier notre comportement de consommateur et apprendre à entretenir d’autres types de rapports aux objets en se rappelant que nous ne sommes pas nés consommateurs.
Michel Adloff